Ecrit et mis en scène par Laurie Bordesoules

Synopsis

Mes chers enfants perdus,

Vous avez tous entendu parler de Peter Paon et du Capitaine Crochet, mais savez-vous comment tout a commencé ? J’étais un tout jeune Capitaine
pirate, lorsque j’ai rencontré le jeune adolescent qui a chamboulé tous mes plans. Venez découvrir une histoire que vous ne pouvez pas connaître : Comment
moi, James Sparrow, je suis devenu le Capitaine Crochet en rencontrant mon meilleur ennemi… Peter Paon ! Le temps est venu pour moi de vous révéler mon
plus grand secret !

Je vous attends.

Très gentiment vôtre,
Le Capitaine Crochet

NOTE D’INTENTION

L’envie de réécrire

En 2010, dans le cadre d’ateliers théâtre que j’animais, j’ai écrit et mis en scène un premier spectacle pour enfants Il était une fois qui réunissait une quinzaine de personnages de contes. Dans ce processus, j’avais entrelacé les différentes histoires et créé des liens imaginaires entre eux. Au cours de ce travail de recherche, je me suis éprise de l’histoire de Peter Pan et particulièrement celle du Capitaine Crochet dans la version du film d’animation de Walt Disney. Un personnage terriblement comique pour qui je me suis prise à rêver d’une histoire d’amour. C’est ainsi que mon second spectacle jeune public a vu le jour : Le Secret du Capitaine Crochet.

Ma volonté première a été de revenir aux origines de l’histoire : Peter n’est pas tant le garçon plaisantin que l’on retrouve dans les films d’animation de Walt Disney. L’histoire écrite par James Matthew Barrie est bien plus sombre. Peter est un enfant méchant, profondément égoïste et le pays imaginaire, Neverland (le pays de jamais) dans lequel les personnages évoluent, est cauchemardesque. La mort est omniprésente et Peter lui-même est un assassin.

Les prémices de ce conte m’ont amené, dans ma réécriture, à la question suivante: qui est réellement le méchant de l’histoire ? Et faut-il vraiment trancher ? Le personnage du Capitaine qui est né de mes réflexions nous dirait :

Tout n’est pas tout noir ou tout blanc. Les gentils ont une part de noirceur et les méchants ont également un cœur !

Passage à l’âge adulte

Ce que nous retenons tous dans l’imaginaire de Peter Pan et que j’ai conservé au cœur de cette pièce relève bien évidemment du rapport parent enfant et bien entendu du passage de l’enfance à l’âge adulte. Ma réécriture s’adresse autant au jeune public qui se trouve dans cette passe qu’à l’adulte qu’il a été. Dans ce passage parfois insidieux, des métamorphoses s’opèrent et les personnages impactent les destins les uns des autres. Au cours de nos vies comme au cours de cette histoire, les rencontres forgent, animent et emmènent sur des chemins insoupçonnés : c’est en rencontrant Peter que le Capitaine James Sparrow va devenir le Capitaine Crochet. Il en est de même pour Peter qui deviendra Peter Paon en rencontrant le Capitaine et non Peter Pan comme dans l’histoire que nous connaissons. Une nuance qui révèle le caractère fier, volatile et orgueilleux du jeune garçon.

compagnie de théatre 16

Influences et inspirations

Il y aussi beaucoup de mon enfance dans l’écriture et la mise en scène. Influencée par l’imaginaire des cartoons, le Capitaine Crochet et Peter Paon se poursuivent comme Titi et Grosminet, les personnages trébuchent et tombent à la façon de Charlie Chaplin et Buster Keaton et se donnent des coups de bâton tout droit sorti de Guignol.

Les livres, les dessins animés et les films d’amour m’ont toujours fasciné. J’aime l’intensité des émotions qu’elles me procurent, porter une histoire d’amour sur scène était donc une évidence. Ma volonté avec celle du Capitaine Crochet est d’offrir une parenthèse enchantée. Pour celui qui a toujours été le méchant de l’histoire, j’avais envie qu’il suscite de la sympathie en dévoilant son cœur. En cela je cherche à contribuer au développement de l’intelligence émotionnelle ainsi qu’à éveiller l’empathie des spectateurs, notamment des plus jeunes.

Mon désir de donner du relief au spectacle et qu’il soit, en réalité, bien plus qu’un texte à offrir, une histoire qui se veut vivante, se trouve dans les moments chorégraphiques travaillés en collectif et dans la création musicale. L’univers des films d’animation de Walt Disney est bien présent et m’a largement inspiré lors du processus de création. Mon équipe artistique, avec qui je travaille depuis 2019, notamment en improvisation a été un réel moteur dans mon écriture, tant par leur force de proposition que par leur énergie à servir le projet.

Un espace d’échange

J’ai la volonté de donner à cette pièce ce qui fait l’essence du théâtre pour moi : le partage direct avec le public sans aucun écran qui nous sépare. Dans cette création, il n’y a pas de quatrième mur. C’est une pièce interactive dans laquelle les spectateurs ont eux aussi un rôle à jouer : ils sont les enfants perdus.

Cette création, c’est mon envie de renouer avec les prémices du spectacle vivant. Le théâtre tel qu’on le connait, frontal et passif où le public est silencieux, ne date que du XIXe siècle. Je veux laisser la possibilité aux spectateurs de reprendre la parole dans ce lieu d’échange qu’est l’espace

théâtral et qu’ils découvrent un texte tout en participant activement à l’histoire qui se joue devant eux. Ici j’invite donc les spectateurs à s’assoir et à participer s’ils en ont envie.

Le lien entre l’espace scénique et le public est immédiat et cette adresse directe nous permet de sceller un accord d’authenticité. Elle assure aussi une plus grande sincérité dans le jeu et elle contribue à amplifier la présence scénique des comédiens qui ne peuvent pas seulement s’installer sur scène pour jouer leur partition mais doivent aussi être prêt à échanger à l’instant présent. Elle renforce, de manière évidente, la réceptivité des spectateurs qui deviennent à leur tour acteur du moment et rend chaque représentation unique. Inclure le spectateur dans le processus du spectacle c’est aussi rendre possible l’accès à la culture pour tous et par tous. C’est adresser un message au public : que vous soyez bavards ou silencieux, petits ou grands, les enfants perdus, votre place est aussi ici, au théâtre.